Allocution de Michel Duret,
Président perpétuel à vie (non-rééligible)
des Amis de Viuz-Faverges

En ces lieux où, jadis, César passa, habite aujourd'hui l'obséquieux Jacou de Saint Ruph, alias la Fripouille, seigneur du-dit lieu. Arrivé à l'âge respectable qu'il a aujourd'hui, et bien que chaque jour il prenne 24h, il entreprit l'oeuvre de sa vie marchant sur les pas de l'empereur Constantin qui, en 313, fit restaurer la voie impériale qui allait de Ticinum à Argentoratum via Columna Jovis in Alpe Graiae, ad Publicanos, Casuaria et autres vici sans importance. Mais qu'était-ce que cette restauration dont plus personne n'a souvenance, hormi le secrétaire général perpétuel à vie des AVF, au vu de cet ouvrage grandiose, 9ème merveille du monde (la 8ème étant la mairie de Faverges), 13ème travail d'Hercule, qui orne le devant du derrière de la maison familiale. Ouvrage digne des plus grands bâtisseurs de tous les temps : MacGyver, les Go'Auld de Stargate, le Botiou, Grincheux, Prof, Peureux, Simplet etc... Ouvrage d'une importance stratégique et économique considérable qui va de la cuisine à la cave et de la cave au garage, permettant à ses co-religionnaires de ne plus se coffer les genoux et les mains dans la terre glaiseuse de Viuz au sortir de leurs libations matutinales ou vespérales. Il aura fallu plusieurs années de réflexion, plusieurs centaines de litres de Jongieux ingurgités, plusieurs décalitres de whisky urinés pour arriver au résultat que nous sommes fiers, aujourd'hui, d'admirer. La cogitation intellectuelle a été si forte, si intense, que la chaleur dégagée par la friction de ses synapses et la surcharge de ses neurones est à l'origine de l'incendie de la maison à Mile à Phonse. Cette voie, car c'est bien de cela qu'il s'agit, cette voie disais-je, pavée de bonnes et de mauvaises intentions, sous lesquels (les pavés pas les intentions) est la plage, servira de traits d'union entre les quartiers nord et sud de Faverges, l'orient et le Ponant , d'ava et d'amò Stäubli, entre les générations passées qui nous sont antérieures et les générations futures qui nous succéderont dans un avenir qui viendra plus tard. "Ô temps, suspends ton vol", disait d'ailleurs le poète qui voulait poêter plus haut qu'il avait le derrière et toi, ô fier constructeur, poursuis ton ouvrage, pave plus loin, jusqu'au rosier, jusqu'à la table du jardin s'il le faut et nous serons toujours avec toi pour t'aider à ouvrir et vider les bouteilles, à te soutenir fidèlement, le verre à la main et la main de ma soeur dans la culotte d'un zouave. Tu as compris, toi dont le chaste ancêtre se retira dans cette noire combe de Faucemagne, tu as compris bien avant les autres, que le pavé, même s'il n'est pas de boeuf, pouvait être l'avenir de notre civilisation casuarienne : ce pavé qui, s'il n'avait existé, nous aurait privé de mai 68, du Paris-Roubaix et de la petite sauterie qui va suivre. Ce pavé qui, en définitive, s'il avait été rond, la face du monde en eût été changée. En ce soir du 27 mai finissant, au pied de ces arbres centenaires plantés sous Pétain et de ces HLM bâties sous De Gaulle, devant cet aréopage d'Homo sapiens Fabricensis et de Vénus callipyges, c'est avec une fierté immense que nous sommes heureux de baptiser cette nouvelle voie impériale qu'Henri IV (le roitelet, pas l'Empereur) aurait aimé emprunter pour aller à Canossa passer sous les fourches caudines des Roches Tarpéiennes. Que ce nom qui va nous être dévoilé, soit connu Urbi et Orbi de l'autre côté du Rubicon, à l'est d'Eden et à l'ouest rien de nouveau. Que chacun d'entre nous, après cette soirée mémorable, puisse dire à ses arrière petits-enfants, le soir à la chandelle, dévidant et filant: j'y étais. Alea jacta est.

Jacques Ruph mène, bien malgré lui, la procession qui se dirige vers la plaque dont il ne connait pas encore l'existence. Les légionnaires de service, armés de pilum et trident, font de leur mieux
pour maintenir l'ordre face à l'enthousiasme de la foule en délire...

Tel Bernard de Clairvaux exortant le peuple à libérer la Terre Sainte,
le Frère Pic commente et cite les paroles immortelles de Saint Augustin en ce jour éponyme du 27 mai, en rappelant tout particulièrement le célèbre passage dans lequel le saint homme nous conseillait de donner à boire à ceux qui ont soif..

Il va sans dire (sauf que nous le disons) que le vin d'honneur est suivi à son tour d'un somptueux festin (comme toujours chez les Amis de Viuz-Faverges). Malgré la fraicheur du soir, les convives fêtent le grand événement de cette fin de millénaire jusques à tard dans la nuit...

Le Musée archéologique de Viuz Faverges

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dernière mise à jour le 09-26-2004
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